L’association foncière pastorale et agricole de Ventalon en Cévennes
Une nouvelle association foncière a vu le jour en Lozère, il s’agit de l’association foncière pastorale et agricole de Ventalon en Cévennes.
Ce projet est né d’une part, suite à une réflexion menée sur la préservation de la châtaigneraie et, d’autre part, suite à l’identification des biens vacants sans maître du territoire communal.
L’étude foncière qui en a découlé a permis d’envisager une animation auprès des propriétaires afin de proposer un projet commun de valorisation du foncier, tant sur la châtaigneraie que sur le pâturage. La commune a donc fait le choix d’initier la création d’une association foncière agricole.
Une association foncière regroupe les parcelles de plusieurs propriétaires dans un périmètre déterminé. Son rôle est de gérer collectivement les terrains afin de les mettre en valeur par une activité agricole. L’association foncière de Ventalon en Cévennes est une association libre créée avec l’accord unanime et volontaire des propriétaires.
Le Copage a pu apporter son expertise dans l’animation et la constitution de cette association. Dans le cadre de ses missions d’appui et d’animation foncière, le Copage réalisera le suivi de celle-ci dans les années à venir.
Un beau projet structurant sur cette commune qui permettra une meilleure valorisation du patrimoine agricole et naturel !
Le Feu : un outil de gestion des espaces pastoraux
La pratique des brûlages pastoraux en Lozère
L’usage du feu pastoral constitue un outil indispensable pour l’ouverture et la gestion de l’espace dans des zones embroussaillées et souvent non mécanisables.
Quelle est la logique du feu ? Sa fonction essentielle a toujours été de permettre la gestion de l’espace pastoral, et donc de maintenir la ressource herbagère. L’image des pâturages lozériens constitués de riches pelouses offrant une ressource constante au bétail est fausse. Ils sont situés pour la plupart sur des sols pauvres et sont composés de landes, dominées par les bruyères et genêts qui couvrent parfois plusieurs hectares d’un seul tenant.
Dans ces landes, le troupeau peut difficilement maintenir à lui seul la richesse pastorale. La dynamique spontanée de végétation provoque l’embroussaillement. En quelques années, les landes deviennent ainsi sans intérêt, voire impénétrables pour les animaux. Une forte pression du troupeau peut ralentir cette dynamique mais un entretien reste indispensable et complémentaire pour maintenir la valeur pastorale[1]. Le feu représente donc une nécessité, intégrée dans les savoirs locaux depuis les origines du pastoralisme.
Bergers et éleveurs ont toujours brûlé les pâturages à la descente des troupeaux, en octobre-novembre, ou bien pendant les journées d’hiver ou de début de printemps. Le feu hivernal, en saison de repos végétatif, explique la faiblesse des impacts négatifs. Les sols sont alors humides, ou gelés et l’impact thermique des feux courants reste faible. Les plantes ne sont pas tuées, sauf certaines plantes ligneuses. Les recherches[2] ont montré que le feu ainsi utilisé avait peu d’effet de dégradation sur la végétation : les mêmes espèces sont là avant et après ; seules les proportions changent. Toute la végétation est rajeunie et la concurrence diminuée, ce qui entraîne une véritable explosion des herbacées les saisons suivantes, objectif premier de l’opération.
Les cycles de brûlage sont liés aux dynamiques des plantes ligneuses. Les genêts et bruyères peuvent recoloniser le terrain en deux ou trois ans. Aujourd’hui, l’apparition de nouveaux acteurs (touristes, résidents secondaires, chasseurs, résidents permanents non agricoles, pompiers, etc.) a considérablement compliqué le schéma et les seuls éleveurs ne sont plus en mesure d’imposer leurs choix, d’autant plus que la baisse de leur nombre tend à affaiblir leur rôle social. Les nouveaux enjeux d’aménagement (touristiques, forestiers, cynégétiques, écologiques, patrimoniaux etc…) amènent donc à reconsidérer la pratique pour l’intégrer dans une gestion globale de l’environnement. Il s’agit ici de sauvegarder un processus de construction et de maintien des milieux agro-pastoraux, et des paysages au sens large, dans une optique qui allie, la conservation patrimoniale et la gestion de l’espace.
Projet : la pratique de l’écobuage à l’étude sur le département
Suite à des demandes récentes d’évolutions de la pratique d’écobuage par le Parc national des Cévennes, un chantier de révision de l’arrêté départemental d’emploi du feu devrait être lancé dans le courant de l’automne. La profession agricole tient à ce que cette pratique reste un droit reconnu et que la réglementation ne vienne pas compromettre cette pratique.
Pour mener à bien cette réflexion, la Chambre d’agriculture de Lozère et l’association COPAGE ont réuni dans le courant du mois d’août, au Pont de Montvert des agriculteurs du mont-Lozère afin de recueillir leurs attentes et propositions relatives à la pratique de l’écobuage sur le territoire. Le fruit de ces échanges permettra d’alimenter la réflexion qui sera lancée par les services de l’Etat, le mois prochain.
Le savoir-faire des agriculteurs en matière de feu pastoral est encore très présent, et représente un potentiel à maintenir et à développer.
Après-midi d’échanges pour ces éleveurs
Chambre d’agriculture de Lozère – COPAGE
[1] Rigolot et al, Effet de différents régimes de feu sur les communautés à genêt.
[2] Lambert et al, Pastum spécial brûlages dirigés
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